Poly-Actions Inc. : L'histoire racontée par M. Pierre Roberge, épisode 1

Une bien belle histoire que celle de Poly-Actions. L'idée a germé dans la tête de M. Gaëtan Théberge comptable agréé de la firme Théberge & Daigle. Je rencontre assez régulièrement Gaëtan Théberge à son bureau.
Un jour il me fait part d'un projet qui lui tient à coeur.

De par sa profession, il côtoie plusieurs dirigeants d'entreprises qui ont des problèmes de financement. Le promoteur fait une mise de fonds dans son entreprise, sa bâtisse est hypothéquée au maximum, ses équipements sont donnés en garantie à la banque ou à la caisse. De plus, il a une marge de crédit pour ses inventaires et ses comptes à recevoir qu'il endosse personnellement. Un coup dur se présente et il n'a plus de liquidités pour réinvestir dans son entreprise. Aucune institution ne peut l'aider : il est acculé à la faillite!

Ce que Gaëtan suggère, c'est de créer une société à capital de risque qui viendrait en aide et interviendrait à titre d'investisseur dans l'entreprise. Cette même société pourrait également mettre sur pied de nouvelles compagnies et créer des emplois. Il me demande si je peux l'aider dans la démarche qu'il veut entreprendre. Étant moi-même propriétaire d'une industrie, je trouve sa démarche géniale et j'accepte d'y participer. Son idée est d'inviter à chaque semaine des femmes et hommes d'affaires à une rencontre sur l'heure du midi dans la salle de conférence de son bureau. Il explique alors son concept tout en leur offrant un lunch. Il discute avec ces personnes pour connaître leur opinion. Ce qu'il attend de moi, c'est d'assister à chacune de ces rencontres et de percevoir l'intérêt des participants pour le projet. Par la suite de chacune de ces rencontres, on évalue ensemble lesquels semblent partants pour participer à cette aventure. Nous sommes au printemps 1978.

Les rencontres commencent et Gaëtan explique le projet qui consiste à réunir au moins 50 investisseurs qui versent 10 000 $ chacun dans une société à capital de risque pour l'achat d'actions sans aucune garantie de retour. Le but est d'aider des entreprises, les accompagner dans leur conseil d'administration et à créer des emplois. Les mines d'amiante sont en déclin et il est important de diversifier l'économie de la région.

Au cours de toutes ces rencontres, plus de 100 personnes répondent à l'appel. Après chacune des mini-conférences, nous évaluons ensemble l'intérêt de chacun des participants et nous dressons la liste de ceux qu'on sollicitera dans l'éventualité où le projet deviendra réalité. Ces rencontres se sont échelonnées sur plusieurs mois. Par la suite, un comité est mis sur pied pour faire la sollicitation des futurs investisseurs. Il est composé de Me Pierre Paradis, Gaëtan Métivier, François Pellerin, Michel Cyr, Maurice Côté et moi-même.

La formule suivante est proposée aux personnes intéressées : elles s'engagent à souscrire une somme de 10 000 $ dans la nouvelle compagnie Poly-Actions Inc, et elles versent la somme de 3 000 $ dans le compte en fidéicommis de Me Paradis. Si le nombre d'actionnaires n'atteint pas cinquante, l'argent leur sera retourné en entier. Lorsque le nombre de cinquante adhérents sera atteint, les fonds seront remis à Poly-Actions Inc et le solde de 7 000 $ sera réclamé des actionnaires lorsqu'il y aura des investissements à faire. Le comité de sollicitation se met à l'oeuvre et chacun fait son possible. Pour ma part, étant dans le domaine financier, je connais plusieurs candidats qui pourraient investir. Je prends quelques jours de congé de mon bureau et je sollicite à plein temps en répandant la bonne nouvelle qu'une telle société aidera à conserver les emplois en région et chaque commerce en tirera profit à long terme. Enfin les cinquante investisseurs ont complété leurs engagements et la compagnie Poly-Actions Inc est créée.

Lorsque Gaëtan Théberge a «rêvé» à Poly-Actions, c'est parce qu'il connait les besoins des entreprises de la région pour du capital de risque. Il s'est imaginé qu'on peut réunir à l'intérieur d'une même compagnie des professionnels, des commerçants, des hommes et femmes d'affaires, des cadres, des professeurs, des mineurs. Les fonds recueillis serviront à garder les entreprises dans la région et à maintenir les emplois.

Son rêve est devenu réalité. Tous ceux qui investissent à l'époque considèrent que si les entreprises fonctionnent bien, l'emploi se maintiendra à un bon niveau et chaque actionnaire en trouvera son profit dans sa propre entreprise ou dans son propre emploi. On comprend qu'il s'agit de capital de risque et l'aspect profit passe au second rang.

C'était la première fois dans la région qu'on réussit à mettre en commun la compétence et les capitaux de cinquante personnes afin de se développer. La concertation est née...

Épisode 2 & 3 : https://www.regionthetford.com/fr/actualites/2019/06/26/poly-actions-inc-l-histoire-racontee-par-m-pierre-roberge-episode-2/ 

D'autres épisodes suivront périodiquement.
Un texte de Pierre Roberge.